Le « syndrome de Stendhal » ou
l’ivresse de la beauté
par Jean Louis Fabaron, guide-accompagnateur
L’émotion culturelle, voilà ce qui définit le mieux Voyages Lambert. C’est pour nous un credo et une mission et tous nos efforts vont dans ce sens lorsque nous préparons un circuit. Non seulement nous mettons tout en œuvre pour que la qualité matérielle soit au rendez-vous que ce soit dans l’hôtellerie, la restauration ou encore nos guides locaux, en bref dans nos prestations en général, mais nous nous efforçons aussi de privilégier tout ce qui peut faire la magie de la découverte d’un ailleurs, toute une gamme de petits détails et d’expériences insolites et diversifiées qui feront de votre voyage une expérience inoubliable. C’est cela même la source de notre fameuse « émotion culturelle ». Et Dieu sait que le domaine est vaste, tout autant que l’est notre planète!
Qu’est-ce que le « syndrome de Stendhal »?
Parmi toutes ces sensations et émotions culturelles il en est une, assez spectaculaire que l’auteur de ces lignes a observé quelque fois chez des voyageurs qui nous ont fait confiance; de surcroît une émotion qu’il a ressentie lui-même quelquesfois, surtout depuis que son parcours professionnel a croisé celui de Voyages Lambert. C’est un syndrome étrange, un trouble à la fois physique et psychologique qui apparaît brutalement en regardant un tableau, en visitant une église ou une ville chargée de culture, un paysage sublime puis qui disparaît, laissant ceux qu’il frappe confus, voire anxieux et perdu pendant plusieurs jours. Il s’agit du « syndrome de Stendhal ». Quand l’art provoque le vertige! Comment expliquer qu’une œuvre d’art puisse, par sa splendeur et sa magnificence, pétrifier des voyageurs au point de les frapper physiquement?
Allez savoir pourquoi, il semble que c’est surtout en Italie qu’il frappe, et pour Voyages Lambert ce sera tout autant durant notre circuit « Italie du Nord », que durant les circuits « Sicile et Italie du Sud », « Mezzogiorno italien » ou le « Grand Tour de Sicile ». Cependant, réduire géographiquement l’apparition de ce syndrome à la seule Italie, tout autant qu’à la seule contemplation d’œuvres d’art serait bien réducteur, car il a été observé ou ressenti, toujours par l’auteur de ces lignes, devant par exemple la spectaculaire caldeira du Ngorongoro ou les Gorges d’Olduvai en Tanzanie, devant le vacarme assourdissant des chutes d’Iguaçu ou devant le formidable glacier du Perito Moreno en Argentine, devant les Grandes Pyramides ou le Temple de Philae en Égypte, devant le spectacle magique des aurores boréales au-delà du cercle polaire arctique, devant l’Acropole d’Athènes ou encore lorsqu’on contemple les merveilleux paysages de la vallée de la Dordogne dans la France du Sud-Ouest. La liste serait trop longue et surtout non exhaustive, alors arrêtons là! Ce qu’on appelle le « syndrome de Stendhal » peut frapper n’importe où, et pas uniquement en Italie, car la beauté de la Nature ou des chefs d’œuvres humains se trouve partout.
La genèse du « syndrome de Stendhal »
Le 22 janvier 1817, Marie-Henri Beyle, plus connu sous le nom de Stendhal relate dans son roman autobiographique « Rome, Naples et Florence » une expérience hors du commun qu’il a vécue à Florence, plus précisément lors de sa visite de la Basilique Santa Croce : « […] J’étais arrivé à ce point d’émotion où se rencontrent les sensations célestes données par les Beaux-Arts et les sentiments passionnés. En sortant de Santa Croce, j’avais un battement de cœur, ce que l’on appelle les nerfs à Berlin. La vie était épuisée en moi, je marchais avec la crainte de tomber […] ». Il faut savoir que l’intérieur de ce bijou gothique de 1294 est recouvert du sol au plafond d’œuvres réalisées par certains des plus grands noms de l’histoire de l’art : Giotto, Brunelleschi ou encore Donatello. C’est aussi la dernière demeure de Machiavel, Dante Alighieri, Galilée ou encore Michel-Ange. Pour un passionné d’art et un amoureux de l’Italie comme Stendhal, la basilique Santa Croce avait de quoi retourner l’esprit, émouvoir au-delà de la raison. Au point d’en devenir malade. On sait que suite à cette visite, Stendhal n’en pouvant plus s’assit sur un banc de la place, lut un poème pour se remettre de ses émotions et vit que ses visions empiraient à la lecture, trop de culture finissant par l’étreindre.
Il n’empêche que ces quelques lignes citées plus haut, écrites donc au début du XIXe siècle, ont servi de référence pour décrire un syndrome clinique bien réel qui frappe ceux qui sont confrontés à la beauté, à l’art, aux statues, aux peintures ou à l’architecture de villes comme Florence, Paris ou Jérusalem. Le donc bien nommé « syndrome de Stendhal ».
Les symptômes du « syndrome de Stendhal »
Est-il possible d’être saisi par la beauté d’une œuvre au point de s’en rendre littéralement malade? En 1989, Graziella Magherini, psychiatre et historienne de l’art à Florence, cheffe du service de psychiatrie de l’hôpital Santa Maria Nuova du centre historique, publie le fruit de 20 ans de recherche. Elle identifiera un syndrome en recevant dans son cabinet plus d’une centaine de touristes en voyage dans sa ville. Elle avait à l’époque même réussi à établir une classification en 3 catégories pathologiques dont nous ne parlerons pas dans cet article pour la bonne et simple raison que c’est une classification remise en cause présentement, entre autres parce que le panel de patients consultés était trop réduit, parce son étude ne concerne que la seule ville de Florence et parce que les effets de la contemplation de la beauté de la Nature n’est pas prise en compte. La théorie de Mme Margherini a été par la suite corroborée entre 1980 et 1993 par le psychiatre israélien Yaïr Bar-El qui avait pris en charge des touristes et des pèlerins en voyage à Jérusalem et qui étaient comme en état de choc. Environ deux jours après leur arrivée, il remarqua que certains d’entre eux étaient frappés par une sorte de psychose, une anxiété soudaine, l’envie de s’isoler et de réaliser des rites religieux pendant cinq à sept jours avant de retrouver leur état normal. Depuis d’autres thérapeutes de l’esprit se sont emparés du sujet. Par exemple selon Rodolphe Oppenheimer, psychanalyste et psychothérapeute dans les Hauts-de-Seine, le « syndrome de Stendhal » est en marche lorsque « le sujet développe une admiration sans bornes pour une œuvre d’art, et qu’une impression de ‘sublime’ finit par le déborder émotionnellement ». À noter ce fait étrange : les Italiens qu’ils soient florentins ou provenant d’autres régions seraient immunisés contre le syndrome de Stendhal! Cela peut s’expliquer par leur accoutumance à l’art classique et à l’esthétique dès le plus jeune âge. Quels chanceux!
Graziella Magherini ainsi que d’autres confrères psychiatres, ont cependant identifié des traits communs entre ces patients : un niveau d’éducation important (classique ou religieux) ou encore le stress d’un voyage. Quoiqu’il en soit tous les patients décrits par les spécialistes de l’âme humaine ont tous expérimenté un malaise teinté d’excitation ou d’euphorie, une tachycardie, des mains moites, un sentiment de dépersonnalisation et d’épuisement.
Parmi les symptômes les plus courants, l’on trouve aussi des délires, des angoisses, des hallucinations et des vertiges pouvant aller jusqu’à la syncope, une suffocation, une accélération du rythme cardiaque, mais aussi une vision trouble. C’est un syndrome protéiforme. Néanmoins, certains professionnels nuancent ces symptômes, en estimant qu’une succession de visites entre lieux extérieurs et lieux clos peut aussi occasionner des malaises ou des vertiges. Une sorte de trop-plein de stimulations esthétiques.
Dans certains cas, heureusement fort rares, le « syndrome de Stendhal » peut même entraîner une forme d’hystérie voire pire. Par exemple en 2018, un touriste de 70 ans a fait un arrêt cardiaque, par chance sans conséquences néfastes, devant le célèbre tableau « La Naissance de Vénus », du peintre Sandro Botticelli, conservé à la Galerie des Offices, à Florence. Force est de constater qu’alors la presse internationale s’était longuement interrogée sur la cause de cette attaque, qui a bien failli coûter la vie au visiteur. Le quotidien espagnol El País avait par exemple titré un article « Une beauté irrésistible? », suggérant que le tableau aurait pu occasionner l’arrêt cardiaque. Il a aussi été constaté que certains patients se retrouvent dans un malaise tellement inconfortable qu’ils peuvent tenter de détruire des œuvres d’art pour soulager leur tourment.
Depuis, le syndrome de Stendhal est entré dans le langage courant, et a même fait l’objet de représentations cinématographiques. Dans le film La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino, sorti en 2013, un Japonais meurt littéralement d’un syndrome de Stendhal, après avoir vu Rome et ses merveilles historiques. À savoir qu’il existe même une variante au syndrome de Stendhal que Graziella Magherini a dénommé le « syndrome de David ». La statue de David sculptée par Michel-Ange, visible à la Galerie de l’Académie de Florence, induit chez celles et ceux qui s’imprègnent un peu trop de sa « perfection » une grande satisfaction esthétique doublée d’un désir sexuel puissant.
Heureusement que dans la plupart des cas le syndrome de Stendhal est juste un moment intense (que l’on peut appeler aussi un « moment suspendu »), parfois accompagné de larmes, dont on se souvient des années plus tard avec un certain frisson. Pour celles et ceux qui ont ressenti ces moments intenses d’émotion culturelle et d’harmonie il s’agit même d’un « souvenir-refuge » idéal quand on veut convoquer en soi quelque chose de presque spirituel, car il est doux de se souvenir de belles choses.
Comment et où le Syndrome de Stendhal peut frapper?
Cet état de malaise général arrive sans prévenir et dure en général deux à huit jours avant de disparaître. Heureusement, il n’a aucune conséquence grave sur la santé, mis à part les blessures qui peuvent survenir en cas de syncope. Quiconque a déjà vécu le vertige de l’art est susceptible de le revivre lors d’une nouvelle confrontation avec une œuvre. Par exemple on sait que Carl Gustav Jung âgé refusa de revoir Pompéi à cause de la trop forte impression produite lors d’un premier voyage de jeunesse. Si le passé culturel immensément riche de Florence favorise l’apparition du syndrome de Stendhal, au point que Graziella Magherini l’avait d’abord nommé « syndrome de Florence », d’autres villes d’histoire et de culture peuvent avoir le même effet sur des voyageurs. Elles sont si nombreuses qu’il serait impossible de les citer toutes.
Nous le disions auparavant, cette submersion par un trop-plein de beauté peut aussi se passer devant un paysage ou encore dans des moments de partage intense avec d’autres êtres vivants comme des cétacés ou des éléphants par exemple. Surtout ne l’oublions jamais, Dame Nature reste certainement l’artiste la plus complexe et la plus douée de tous les temps. Nombreux sont celles et ceux qui ont ressenti, voire pour certains décrit, un émoi vertigineux induit par une surdose d’esthétique, un sentiment de condensation du temps et de l’espace à la simple contemplation d’un paysage. En plus des œuvres d’art ou des paysages, on peut ressentir une émotion déstabilisante, une extase ou une pâmoison esthétique à travers un objet, une musique ou par la simplicité absolue de la beauté. Quand l’œuvre dépasse tout, il est impossible de formaliser les émotions et surtout devient juste indescriptible avec des mots.
Le syndrome de Stendhal, mythe ou réalité? Le plus simple est d’aller vérifier par vous-même, de participer à nos voyages et de vous mesurer aux plus sublimes œuvres de l’humanité ou de la Nature. La boucle de cet article est bouclée, la beauté du monde et de sa diversité artistique ou naturelle, c’est notre apostolat chez Voyages Lambert et surtout pour nous un plaisir immense que de vous y conduire. Et si cela doit induire chez vous des troubles que seule l’émotion culturelle peut provoquer alors nos objectifs seront remplis. Alors, au plaisir de vous retrouver sur l’un de nos nombreux voyages!
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