Histoire du peuplement de la Polynésie française

par Jean Louis Fabaron, guide-accompagnateur

La culture polynésienne est indissociable d’un voyage à Tahiti et plus particulièrement lorsqu’on participe à l’extraordinaire croisière sur le célèbre Paul Gauguin de Ponant, accompagné par Voyages Lambert. Traditions ancestrales et culture sont présentes partout dans ce voyage exclusif que ce soit dans l’hospitalité légendaire des polynésiens ou encore à travers les danses envoûtantes du hula et les mélodies enchanteresses du ukulélé; le tout dans une ambiance paradisiaque où la magie opère chaque journée. Découvrir la Polynésie c’est aussi partir à la rencontre d’une l’histoire riche et mal connue, celle d’un peuple dont les ancêtres se lancèrent hardiment, bien avant notre ère, dans la conquête de ces terres lointaines et isolées, au milieu du plus vaste océan de notre planète. Une saga héroïque dont nous allons tenter d’en découvrir certains arcanes avec cet article.

Contexte géographique de la Polynésie française

Le triangle polynésien est formé au Nord par Hawaï, au Sud par la Nouvelle-Zélande et à l’Est par l’île de Pâques (appelée Rapa Nui). Étalée entre l’Équateur et le Tropique du Capricorne, à l’Ouest de la ligne de changement de date, la Polynésie française est située au cœur de ce triangle. Celle-ci s’étend sur une superficie maritime de 2,5 millions de km carrés, aussi vaste que l’ensemble de l’Europe. Cependant les terres émergées ne représentent qu’à peine 4000 km carrés, soit la moitié de la superficie de la Corse ou de l’île d’Anticosti. Il s’agit d’un total de 118 îles dont 76 sont habitées et qui sont réparties en 5 archipels :

  • Les îles Marquises au Nord
  • L’archipel des Tuamotu avec 76 atolls
  • L’archipel des Gambier à l’Est
  • L’archipel de la Société dont l’île principale est Tahiti
  • L’archipel des Australes au Sud

Polynesia, subregion of Oceania, political map. A region, made up of more than 1000 islands scattered over the central and southern Pacific Ocean. English. Illustration on white background. Vector.

Toutes ces îles sont issues des mouvements de la poussée des points chauds magmatiques présents au niveau de la plaque Pacifique et situés à l’intersection de failles sismiques. Les points chauds étant des panaches de matière chaude en provenance du manteau terrestre remontant en surface et perçant la lithosphère indépendamment de la configuration générale des plaques. Chacun des archipels correspond à un massif de volcans éteints depuis des millions d’années dont les sommets les plus hauts jaillissent au-dessus des vagues, appelées localement « îles hautes », tandis que les pics les plus modestes, toujours immergés, hérissent le relief sous-marin et forment parfois ce que l’on appelle des atolls, des structures où la croissance continue du corail compense l’affaissement du support rocheux.

Les origines du peuplement polynésien

Ces immensités océaniques furent les dernières à être colonisées par l’être humain. Ces îles minuscules perdues au milieu de l’immensité de l’océan Pacifique ont rendu la tâche des candidats au voyage particulièrement difficile. Plusieurs théories plus ou moins fantaisistes ont tenté d’expliquer le peuplement de la Polynésie. L’écrivain britannique James Churchward (1851-1936) affirmait que les îles de l’actuel triangle polynésien étaient les vestiges d’un continent englouti à la suite d’un gigantesque cataclysme. Plus sérieusement, l’anthropologue norvégien Thor Heyerdahl a popularisé, dans les années 1950, la thèse de l’origine sud-américaine du peuplement de la Polynésie. Pour lui, la présence en Polynésie de la patate douce, l’existence de légendes relatant des voyages depuis l’Est et les alizés, vents dominants d’Est, étaient des preuves que le peuplement de la Polynésie était d’origine américaine. Même si sa théorie était séduisante, ce n’est pas celle qui est actuellement retenue pour expliquer le peuplement de la Polynésie. Thor Heyerdahl a cependant eu un mérite qui est celui d’avoir prouvé à travers ses expéditions que, même avec des esquifs rudimentaires, les océans n’ont jamais été une frontière infranchissable pour les plus téméraires et aventuriers des êtres humains.

Village Samoa © David Kirkland

L’hypothèse généralement retenue à l’heure actuelle est celle d’un peuplement à partir du Sud-Est asiatique. Il y a 5000 ans, des habitants du littoral de la Chine du Sud, locuteurs de langues formosanes, cultivateurs de millet et de riz, commencent à traverser le détroit pour s’installer à Taïwan. Vers le deuxième millénaire avant Jésus Christ des migrations ont lieu de Taïwan vers les Philippines. À partir de là de nouveaux mouvements de population, important avec eux leurs langues, commencent très vite vers Sulawesi et Timor puis vers les autres îles indonésiennes. Vers le XIVe siècle avant Jésus Christ un autre mouvement mène des Philippines en Nouvelle-Guinée et, au-delà, jusqu’aux îles du Pacifique. Ceux que l’on nomme les austronésiens sont vraisemblablement les premiers navigateurs de l’histoire de l’humanité, utilisant alors des pirogues simples, de bois et de fibres tressées, à balancier et à voile. Grâce à leur maîtrise de la navigation, les marins polynésiens ont réussi à surmonter les obstacles. Les études récentes ont permis de retracer les étapes de cette migration même si certains points restent encore imprécis ou débattus par les scientifiques. On considère que les premières îles atteintes furent probablement les îles Marquises puis celles de la Société. Les polynésiens auraient alors, depuis cette base, essaimé vers l’île de Pâques et la Nouvelle-Zélande.

De nombreuses preuves existent pour affirmer que les populations des îles du Pacifique Sud sont originaires du Sud-Est asiatique. Les langues polynésiennes appartiennent à la famille austronésienne originaire du Sud-Est de la Chine et de Taïwan. Les plantes alimentaires, sauf la patate douce, tout comme le cochon, le chien, le poulet et le rat sont issus d’Asie du Sud-Est, de Nouvelle-Guinée ou des îles Bismarck. Les études de l’ADN des populations actuelles et des squelettes humains anciens confirment l’origine asiatique du peuplement de la Polynésie.

nuku hiva petroglyph - Marquesas Islands - French Polynesia

Dans le cas de la culture de la patate douce, mais aussi de la génétique, il y a cependant des doutes quant à l’exclusivité du peuplement de la Polynésie par une souche uniquement sud-asiatique. En effet, la présence en Polynésie de ce légume, originaire d’Amérique du Sud, pourrait être un argument pour penser que les populations américaines et polynésiennes ont été en contact avant l’arrivée des européens dans la région. Une question reste cependant débattue : qui a fait le voyage? Seraient-ce les Amérindiens qui auraient navigué vers la Polynésie ou bien les Polynésiens qui auraient débarqué en Amérique du Sud avant de rentrer chez eux avec la patate douce et quelques gènes différents ?

Comment les îles polynésiennes ont-elles vraiment été peuplées ?

Les marins polynésiens ont été confrontés, en premier lieu, à l’immensité de l’océan Pacifique et la très petite taille de ses terres. Certaines îles sont en effet extrêmement isolées comme Hawaii qui se situe à 3500 km au Nord des Marquises ou de l’Île de Pâques qui est à 2500 km de l’archipel de Pitcairn et à 4000 km des côtes chiliennes. L’autre obstacle majeur à la navigation est la direction des vents dominants dans cette région du monde. Les alizés soufflent depuis l’Est et compliquent donc l’exploration des îles vers l’Ouest. Une autre difficulté rencontrée sur les îles découvertes était, à cause de leur isolement géographique, la très grande pauvreté en espèces végétales et animales autochtones. Les explorateurs devaient donc emporter avec eux plantes et animaux afin de les introduire sur les îles avant de pouvoir y vivre.

Pour les longs voyages de colonisation, il fallait des embarcations stables, fiables et suffisamment spacieuses pour abriter l’équipage, les passagers, les vivres ainsi que les plantes et les animaux à introduire sur l’île. Les grandes pirogues doubles à voile étaient parfaitement adaptées à cet usage. Très peu de vestiges ont été retrouvés et ces embarcations sont essentiellement connues grâce aux descriptions des premiers explorateurs européens.

pirogue polynésie

Ces pirogues mesuraient entre 15 et 30 mètres et ressemblaient un peu aux catamarans actuels. Elles étaient constituées de deux coques sur lesquelles reposait une plateforme capable d’embarquer une cinquantaine de passagers. Des répliques modernes de ces pirogues ont permis de mieux comprendre comment les Polynésiens naviguaient. Les chercheurs occidentaux ont pendant longtemps sous-estimé les talents de navigation des marins polynésiens. Or, il est maintenant bien établi que la découverte des îles et en particulier les plus éloignées n’était pas le fruit du hasard, mais bien le résultat d’une stratégie d’exploration. Sans instrument de navigation les marins étaient capables de se repérer dans l’immensité de l’océan pour aborder les îles.

Leurs connaissances astronomiques leur permettaient de déterminer leur route. Ils se repéraient en suivant les rua ou « chemin d’étoiles ». En zone intertropicale, les étoiles se lèvent à l’Est, se déplacent verticalement au zénith et se couchent à l’Ouest. Les navigateurs utilisaient une succession d’étoiles guides qui au fil de la nuit sortaient de derrière l’horizon dans la direction de l’île à atteindre ou de la zone à explorer.

Bungalow resort on tropical island, French Polynesia nuit étoile

Par temps nuageux, les marins polynésiens savaient aussi déterminer leur position en analysant la direction de la houle et des vents. La couleur de la mer, témoin de sa profondeur, le vol des oiseaux, les débris végétaux à la surface de l’eau et l’aspect des nuages permettaient de localiser les îles ou les archipels proches.

Quelques repères chronologiques plus précis pour la Polynésie française

Le peuplement de la Polynésie orientale fut tardif puisqu’il débuta après l’an 500 de notre ère. Les scientifiques évoquent plusieurs hypothèses pour expliquer cette pause de 1500 ans entre la colonisation des îles Samoa, Wallis et Futuna et la poursuite de l’expansion vers l’Ouest. À cause des distances très importantes entre les îles, il aurait encore été nécessaire d’améliorer les embarcations en développant la grande pirogue double à voile. Le régime des vents aurait été plus favorable à la navigation vers l’Ouest entre 800 et 1300 favorisant alors l’exploration de cette région de l’océan Pacifique à cette période.

Les dates du peuplement de la Polynésie orientale restent relativement peu précises. Hawaii, au nord du triangle polynésien, aurait été atteint vers l’an 1000, l’Île de Pâques à l’Ouest entre 1000 et 1200 et la Nouvelle-Zélande aurait été colonisée vers 1300 de notre ère. Pour les îles de la Polynésie française les vestiges retrouvés ne permettent que d’estimer les dates d’arrivée des premiers habitants : vers l’an 800 pour les îles de la Société; vers 800-900 pour les Marquises et les Gambier; vers 1000 pour les atolls des Tuamotu et 1100 pour les Australes.

En conclusion

L’histoire des origines et les premières étapes du peuplement de la Polynésie sont maintenant assez bien connues grâce, en particulier, à l’apport récent de la génétique. L’étude de cette colonisation du Pacifique a permis aussi de redécouvrir les techniques de navigation sans instrument des Polynésiens de l’époque. Ajoutons à cela que jusqu’au XVIe siècle et les premiers voyages des grands explorateurs européens, l’archipel demeure inconnu des Occidentaux… mais cette épopée-là mérite certainement de faire l’objet d’un autre article de blogue! D’ici là, dépêchez-vous, car les places s’envolent et n’hésitez donc pas à partir découvrir la Polynésie française, de son histoire et de ses traditions. Grâce à l’expertise de Voyages Lambert et des croisières Ponant, ce sera plonger dans une ambiance paradisiaque, savourer des mets délicieux, se détendre sur des plages de sable fin et s’émerveiller de cadres idylliques pour emmagasiner des souvenirs inaltérables.

Bora bora Polynésie

 

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