Comment visiter le mur de Berlin?
Son histoire et ses vestiges

Par Joëlle Gauthier, membre de l'équipe

Comment visiter le mur de Berlin, incarnation physique de l’opposition entre bloc de l’Est et bloc de l’Ouest? Cette matérialisation du rideau de fer et symbole connu dans le monde entier continue toujours d’interroger, de fasciner et de sidérer. Voyages Lambert, grâce à son itinéraire exclusif en Allemagne, vous emmène sur les traces de ces vestiges qui ont marqué l’histoire pendant plus de 28 ans. Voici une incursion culturelle dans ce circuit : Le Mur de Berlin ; quelle est son histoire et comment en faire la « visite » aujourd’hui ?

Pourquoi a-t-on construit le mur de Berlin?

Le Mur de Berlin (Berliner Mauer dans la langue de Goethe), officiellement appelé par le gouvernement est-allemand « mur de protection antifasciste » et surnommé par le peuple allemand « mur de la honte », fut érigé en une nuit, du 12 au 13 août 1961 par le gouvernement de la République Démocratique Allemande afin d’interrompre l’émigration des Berlinois de l’Est -secteur contrôlé par le pouvoir soviétique- vers la partie ouest de la ville, contrôlée par les États-Unis, le Royaume-Uni et la France.

Effectivement, de 1949 à 1961, entre 2,6 et 3,6 millions d’Allemands fuient la RDA, privant l’Allemagne de l’Est d’une main-d’œuvre importante et fragilisant l’économie. Or, la majeure partie de ces migrants trouvent passage à Berlin, au cœur de la ville où les contrôles frontaliers sont beaucoup moins efficaces qu’en campagne. Pour le seul mois de juin 1961, on dénombrait déjà 19 200 déménagements Est-Ouest, lorsque le président du Conseil d’État de la RDA, Walter Ulbricht affirma : « (que)… personne n’a(vait) l’intention de construire un mur ». Cette déclaration exacerba la situation, faisant passer ce nombre à 31 415 déménagements en juillet.

C’est en réponse à ce flux exponentiel qu’au matin du 13 août, le secteur de Berlin-Est se réveilla encerclé de grillages et de barbelés. Le jour même, Konrad Adenauer, chancelier de la République Fédérale Allemande (RFA), appelle la population à demeurer calme. La réaction des Alliés n’est pas non plus immédiate et seul le maire de Berlin, Willy Brandt, proteste énergiquement. Trois jours plus tard, le 16 août 1961, il rallie 300 000 personnes, lors de la première manifestation devant le Mur.

Les relations Est-Ouest restent ambiguës jusqu’au 25 octobre de la même année, date à laquelle aura lieu la première vraie confrontation entre Américains et Soviétiques, au désormais célèbre poste frontalier Check Point Charlie, sur Friedrichstraße. Ce jour-là, les gardes-frontières de la RDA exigent de contrôler des membres des forces alliées occidentales qui bénéficient officiellement d’un droit de libre circulation dans l’ensemble de la ville. Seize heures durant, des chars américains et soviétiques se postent de part et d’autre du mur. Le monde entier retient son souffle et redoute une nouvelle guerre. L’affaire se termine par un retrait des chars, aucune des deux parties ne voulant enclencher une escalade. Paradoxalement, cette situation explosive va déboucher sur la plus longue période de paix qu’ait connue le continent européen alors que la circulation entre Berlin-Ouest et Berlin-Est va devenir peu à peu impossible.

Par la suite, les installations temporaires se consolidèrent rapidement pour former un vrai dispositif militaire ; les installations intra-urbaines, longues de 43 kilomètres, furent constituées d’un double mur de pierre haut de 3,6 mètres, séparé par un « no man’s land », gardé nuit et jour par 600 chiens et 14 000 gardes-frontière ayant comme consigne d’abattre les fugitifs. Les bâtiments limitrophes, tels que les immeubles de la Bernauer Straße et des rangées d’immeubles dans l’arrondissement Mitte furent tout simplement murés et intégrés dans le dispositif de séparation entre les deux moitiés de la ville.

 

Quelle est l’histoire du mur de Berlin?

Entre 1961 et 1989, plus de 100 000 personnes tentèrent de fuir la RDA en franchissant la frontière entre les deux Allemagnes ou le mur de Berlin. Plus de 600 fugitifs ont été abattus par les gardes-frontières de RDA, ou ont trouvé la mort autrement. On dénombre au moins 140 morts autour du seul mur de Berlin au cours de cette période. Le nombre exact de victimes est difficile à établir du fait de l’opacité et du silence de la RDA à ce sujet.

Parmi les évasions mémorables, on dénombre plusieurs scénarios insolites comme celle de M. Burkhart Veigel et sa Cadillac trafiquée permettant de cacher une personne derrière son tableau de bord ; la tête au-dessus de la colonne de direction, les jambes dans l’aile droite, pas moins de 250 personnes ont ainsi pu s’échapper. Neuf personnes auraient aussi fui à l’Ouest cachées dans la banquette d’une microscopique et insoupçonnable BMW Isetta. Un court-métrage met en scène ce moyen d’évasion devenu célèbre et la voiture fait depuis peu partie intégrante de l’exposition du Musée du Mur de Berlin.

Le 26 juin 1963, lors d’un voyage en Europe, John F. Kennedy, prononce un discours à Berlin-Ouest devant des centaines de spectateurs. Il y déclare « Ich bin ein Berliner » (« Je suis un Berlinois »), entendant par cette phrase choc faire savoir aux habitants de l’ouest de Berlin que l’ensemble de l’Occident, appelé alors le « Monde libre » se sent solidaire de leur sort.

Un premier accord sur le règlement des visites de Berlinois de l’ouest chez leurs parents de l’est de la ville est signé le 17 décembre 1963 après d’âpres négociations. Il permet à 1,2 million de Berlinois de rendre visite à leurs parents pour Noël. D’autres arrangements suivent en 1964, 1965 et 1966. Au début des années 1970, l’Ostpolitik, politique de rapprochement entre la RDA et la RFA, rend la frontière entre les deux pays un peu plus perméable. Cette archive de L’ina datant d’août 1971 propose une rétrospective des 10 ans d’existence du Mur.

 

Quand a eu lieu la chute du mur de Berlin?

La fin des années 1980 est marquée par un vent de changement en URSS et en Europe de l’Est. En 1989, la Hongrie est la première à percer son rideau de fer et la Pologne prend la voie de la démocratie. En RDA, la politique d’Erich Honecker s’oppose fermement à toute libération alors que l’opposition au régime prend de l’ampleur. Durant l’été 1989, sous prétexte de partir en vacances, 25 000 Allemands de l’Est rejoignent alors la RFA en profitant des frontières ouvertes en Hongrie et en Tchécoslovaquie. On compte de nombreuses manifestations, comme celle de Leipzig le 2 octobre rassembla 20 000 personnes. De passage à Berlin-Est pour le quarantième anniversaire de la RDA, Mikhaïl Gorbatchev, président de l’Union soviétique, indique aux dirigeants de la RDA que le recours à la répression armée est exclu.

La nuit du 9 au 10 novembre 1989, baptisée « die Wende » (le tournant), est une nuit historique pour l’Allemagne ainsi que le monde entier, car elle vu le Mur de Berlin s’ouvrir, marquant le début de la chute de Rideau de fer et la fin de la bipolarisation du monde. Bien que les causes profondes de la chute du Mur soient complexes, c’est une déclaration prématurée d’un membre du parti politique de la RDA, Günter Schabowski qui déclencha le mouvement de foule. Il déclara que « les voyages privés vers l’étranger peuvent être autorisés sans présentation de justificatifs » et, à une question d’un journaliste sur la date d’entrée en vigueur de cette nouvelle disposition, répond « immédiatement ».

C’est ainsi que le point de passage de la Bornholmer Straße est ouvert peu après 23h et que les Berlinois entament la destruction du Mur. Présent à Berlin, le violoncelliste virtuose Mstislav Rostropovitch, vient encourager les démolisseurs en jouant du violoncelle au pied du Mur.

Dès le lendemain, des files de voitures embouteillent la ville en direction de l’Ouest et une véritable marée humaine se presse près de la porte de Brandebourg. L’évènement fait la une des journaux à l’international. À la fin de mois, un plan visant la réunification des deux Allemagnes dont l’économie est chancelante est mis sur pied et, le 12 septembre 1990, un traité est signé à Moscou rendant sa pleine souveraineté au pays, réunifiant officiellement la RFA et la RDA le 3 octobre 1990. C’est à cette date qu’est depuis célébrée la fête nationale allemande.

 

Comment visiter les vestiges du mur de Berlin?

Vous l’aurez compris : le Mur, détruit dans sa quasi-totalité, n’est pas un point d’intérêt touristique que l’on peut visiter. Néanmoins, le tracé du Mur de Berlin est représenté physiquement par une double rangée de pavés au sol. Cette ligne, véritable cicatrice dans la ville, peut donc être parcourue à pied ou à bicyclette et relie mémoriaux et musées à son propos.

 

L’East Side Gallery

En effet, lors du circuit proposé par Voyages Lambert, nous vous emmenons à la découverte de L’East Side Gallery, la plus longue section toujours existante du Mur de Berlin, faisant plus de 1300 mètres. Cette portion fut décorée par une centaine d’artistes dès la fin 1989 et on peut aujourd’hui y admirer des œuvres célèbres comme le « Baiser fraternel » entre le dirigeant russe Leonid Brezhned et le président du SED Erich Honecker. En avant-goût, une visite virtuelle de ce site est disponible ici.

 

Checkpoint Charlie

En longeant l’avenue Friedrichstraße, au cœur du centre-ville, vous pourrez apercevoir le poste frontalier Checkpoint Charlie, reconverti aujourd’hui en musée. Il doit son appellation à l’alphabet de l’OTAN. Les membres des forces alliées stationnées en Allemagne disposaient de trois points de passage pour rejoindre le centre de Berlin : le Checkpoint A (Alpha) à Helmstedt, qui était le point de passage de RFA en RDA, le Checkpoint B (Bravo) à Drewitz, d’où ils passaient de la RDA à Berlin-Ouest. Et, enfin, le Checkpoint C (Charlie), le poste-frontière pour le transit de Berlin-Ouest à Berlin-Est.

 

Le Mémorial du Mur de Berlin

Le Mémorial du Mur de Berlin, quant à lui, constitue le principal lieu de mémoire de la division allemande et s’étend sur 1,4 km de long à l’emplacement de l’ancienne bande frontalière sur Bernauer Straße. Le site commémoratif abrite le dernier tronçon du mur de Berlin conservé dans l’intégralité de sa profondeur et donne une idée du dispositif frontalier de la fin des années 1980. Les habitants de la Bernauer Straße furent les témoins et les acteurs de l’histoire de l’après-guerre à Berlin. Des personnes désespérées sautèrent de la fenêtre de leur appartement pour rejoindre Berlin-Ouest et le payèrent de leur vie. Mais la Bernauer Straße fut aussi le témoin de plusieurs fuites réussies. Le monde entier y assista, appareil photo et caméra au poing. Le Mémorial du mur de Berlin s’étend des deux côtés de la Bernauer Straße. Une exposition en plein air a été aménagée sur le no man’s land autrefois situé à Berlin-Est. Elle retrace l’histoire de la division à l’exemple de la Bernauer Straße. Elle inclut le monument commémoratif de la division de la ville et des victimes de la tyrannie communiste ainsi que la fenêtre du souvenir. C’est aussi là que se situent la chapelle de la Réconciliation et les fondations mises au jour d’un ancien immeuble, dont la façade fit fonction de mur frontalier jusqu’au début des années 1980. De l’autre côté de la rue, autrefois à l’Ouest, se trouvent le centre d’accueil des visiteurs et le centre de documentation doté d’une tour panoramique. La station de S-Bahn (RER) Nordbahnhof présente l’exposition « Gares frontalières et gares fantômes », qui relate les répercussions de la construction du Mur sur le réseau de voies de communication.

 

La Porte de Brandebourg

Monument emblématique de la ville même, la porte de Brandebourg est aussi un symbole de la ville divisée. De nombreux visiteurs et Berlinois venaient l’escalader, profitant de sa plateforme comme observatoire par-delà le no man’s land sur Berlin-Est. C’est de cet endroit que, le 12 juin 1987, Ronald Reagan lança cette injonction sévère à l’adresse de son adversaire de la Guerre froide, l’admonestant en ces termes : “M. Gorbatchev, abattez ce mur !” Le discours, prononcé pour les Berlinois de l’Ouest, était audible de l’autre côté de la porte de Brandebourg et faisait écho aux paroles fortes du président von Weizsacker: « La question allemande restera ouverte tant que la porte de Brandebourg restera fermée ».

 

Mauerpark

Aujourd’hui, un autre lieu relié au Mur est aussi très prisé par les Berlinois : Mauerpark. Situé dans le quartier de Prenzlaerberg, son nom signifie : le parc du mur, puisqu’il est littéralement situé dans l’ancien no man’s land intramuros. C’est un lieu très apprécié de la population locale où se déroule chaque dimanche un grand marché aux puces et qui attire musiciens aux scènes improvisées, chanteurs, clowns, graffeurs, sportifs, promeneurs du dimanche et leurs familles. Une partie du mur d’arrière-plan partageant le Mauerpark au stade Friedrich Ludwig Jahn a été conservée et est aujourd’hui le terrain de jeux légal de nombreux tagueurs et donc sans cesse recouvert de nouveaux graffitis.

Alors, maintenant que vous êtes sensibles à la portée historique et culturelle du Mur de Berlin dans l’histoire allemande et européenne, une visite sur ses traces s’impose afin que vous puissiez affirmer vous aussi : « Ich bin ein Berliner! ».

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