Milan : La Cène de Léonard de Vinci

par Jean Louis Fabaron, accompagnateur

Capitale économique et financière de l’Italie, centre mondial de la mode et du design, Milan est une belle élégante aux aspects cosmopolites qui vibre d’une animation intense ce qui en fait une destination incontournable proposée par Voyages Lambert, point de départ du circuit Italie du Nord, art, paysages et dolce vita. Parmi les incomparables trésors que renferme cette ville, on peut citer par exemple l’extraordinaire cathédrale, « Il Duomo », troisième plus grande église du monde, un des triomphes du gothique; ou encore le mythique « Teatro alla Scala », le temple de l’opéra; ou la splendide galerie commerçante historique de prestige, la « Galleria Vittorio Emanuele II. Mais un autre chef d’œuvre mondialement célèbre a de tous les temps fait couler beaucoup d’encre, La Cène de Léonard de Vinci.

from the wide angle view. The entrance of gallery arcade of Victor Emanuel2nd, the statue of him riding on the horse.

Pour aller découvrir ce joyau de l’Art, partons de la cathédrale. En allant vers l’ouest, on traverse d’abord le quartier des Cinque Vie. On peut aussi se permettre un itinéraire beaucoup plus monumental en traversant la magnifique Galerie Victor Emmanuel II, passant devant la Scala, puis en bifurquant vers le château des Sforza avant de rejoindre un monastère dominicain qui s’appelle Santa Maria delle Grazie. Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1980, le complexe monastique a été construit entre les années 1463 et 1482 par l’architecte Guiniforte Solari avant d’être repris quelques années plus tard, sur ordre de Ludovic le More, par le grand maître Donato Bramante qui façonna son aspect actuel. Mis à part d’être un édifice majestueux, cette église est connue, et c’est ce qui nous amène en ces lieux, pour abriter sur le mur nord de son réfectoire, l’une des œuvres les plus remarquables de Léonard de Vinci et de la Renaissance italienne : La Cène, « Il Cenacolo » en italien.

View of the Church of Santa Maria delle Grazie, in which the Fresco of Leonardo da Vinci The Last Supper is kept in Milan, with its courtyard

C’est Ludovic le More lui-même qui confia la décoration du réfectoire à Léonard de Vinci car il voulait que ce monastère soit son mausolée, pour lui et son épouse Béatrice d’Este, et pour cela il lui fallait les meilleurs artistes et artisans. La gloire obtenue par de Vinci, le florentin, et le caractère exceptionnel de la qualité de représentation de ce sujet biblique ont fait la renommée internationale que l’église de Santa Maria delle Grazie a aujourd’hui. Ce chef d’oeuvre est une grande fresque à la détrempe, aux dimensions impressionnantes de 4,60 m par 8,80 m (tout un pan de mur) qui a été peinte entre 1495 et 1498. Il s’agit certainement de l’une des œuvres les plus reconnaissables du génie de la Renaissance italienne. Elle illustre l’ultime Cène d’après le verset 13 :21 de l’Évangile selon saint Jean où Jésus, entouré de ses disciples, révèle que l’un d’entre eux va bientôt le trahir. La peinture capture les réactions des apôtres de façon très réaliste, montrant chacune de leurs personnalités en action.

 

La science de la restauration

Par chance cet ensemble pictural est parvenu jusqu’à nous et ce, malgré les outrages du temps, des éléments et de l’Histoire. Dès 1517 on a des premiers témoignages qui font état de sa dégradation. Déjà à l’époque, Antonio de Beatis dans son « Itinerario » disait « … C’est un merveilleux ouvrage, mais qui commence à s’abîmer, soit par l’humidité, soit par quelque malfaçon, je ne sais… ». Malgré toutes les prouesses techniques de Léonard, la fresque fut peinte sur un mur sujet à l’humidité ce qui l’empêcha de sécher correctement. Vasari déplorait aussi que l’œuvre montrait déjà des signes de détériorations seulement quelques dizaines d’années après sa création. Pour parfaire le tout, pendant la Seconde Guerre Mondiale, bien que couverte par un panneau protecteur, la fresque souffrit encore davantage à cause des bombardements qui, entre autres, éventrèrent le toit de l’édifice, par conséquent l’humidité se fit encore plus prédatrice. Heureusement, grâce à une copie à l’huile sur toile par Giovanni Pietro Rizzoli effectuée en 1520 qui, elle, avait bien mieux résisté au temps, on a pu effectuer les tentatives de restauration du XXe et XXIe siècles sur ces bases et plusieurs détails manquants de la fresque furent ainsi récupérés.

À cause des détériorations et des nombreuses restaurations, en fait, de nos jours, il ne reste que très peu de la peinture initiale. La campagne de rénovation la plus récente remonte à 1999. On y a employé plusieurs techniques scientifiques pour restaurer les couleurs d’origine, et dans la mesure du possible, supprimer les marques de peinture appliquées par les tentatives précédentes de restauration de la fresque. Il est vertigineux de simplement penser au grand nombre de restaurations, d’interventions et de sauvetages, qui, dès la fin du XIXe siècle et même avant, ont eu lieu, pour qu’aujourd’hui encore on ait le privilège d’admirer le chef d’œuvre. Même s’il y a souvent foule autour du chef d’œuvre, noblesse oblige, la magie picturale est bien au rendez-vous.

La Cène Da Vinci Milan

 

Léonard de Vinci, sur ordre du commanditaire, a représenté le dernier repas de Jésus de Nazareth, le jeudi saint, la veille de la Crucifixion, suivant en cela la tradition monastique qui dès le Moyen Âge avait pour habitude de décorer les réfectoires avec des représentations ayant un rapport avec la notion de repas et de religion. D’où logiquement la grande quantité de représentations d’Ultime Cène que l’on trouve dans les édifices religieux communautaires. On peut, cela dit, avoir quelques variations dans le sujet représenté car parfois on trouve l’épisode des frères d’Emmaüs, les Noces de Cana, le repas chez Lazare ou le repas chez Simon le Pharisien. Dans la fresque de Milan on peut clairement identifier chacun des personnages. Il s’agit, de gauche à droite, de Barthélemy, Jacques le Mineur, Judas (tenant une bourse), Pierre, Jean, Jésus, Thomas, Jacques le Majeur, Philippe, Matthieu, Thadée et Simon. Dans la composition générale de l’œuvre, de Vinci reprend une innovation qui était apparue au début du Quattrocento florentin chez Andrea del Castagno et chez Domenico Ghirlandaio : la perspective de la fresque prolongeant la salle réelle du réfectoire par le trompe l’œil du plafond à caissons, l’ouverture au fond de la salle, et des murs latéraux recouverts de tapisseries et percés de portes.

La fresque est surmontée des trois blasons de la dynastie des Sforza. Au centre celui de Ludovic Sforza et de son épouse Béatrice d’Este, à gauche celui de leur fils ainé, Massimilo, à droite celui de leur autre fils, François. Grâce aux témoignages de Goethe on sait que les bancs des moines étaient installés le long des murs latéraux, tandis que le prieur était adossé à la crucifixion de Montorfano (un chef d’œuvre méconnu tant il est écrasé par le voisinage de son vis-à-vis), faisant ainsi face à la Cène de Léonard de Vinci.

Le maître florentin se mit vraisemblablement à l’ouvrage au début de l’année 1495, alors qu’il travaille encore à la statue équestre de Francesco Sforza. On sait même que le prieur de l’époque, Matteo Bandello, perdait patience et reprochait à l’artiste de ne venir que lorsqu’il lui prenait l’envie ou la fantaisie de se libérer de son « cheval de terre cuite ». Il est certain que de Vinci travaillait encore à son ouvrage en 1497 car on a retrouvé une lettre le priant de se hâter. Il se défendit en disant devant le Duc qu’il n’arrivait pas à trouver de modèle à Judas et que si le prieur insistait à le harceler il lui donnerait en fin de compte ses traits! Inutile de dire que cela donna lieu par la suite à de nombreuses spéculations quant à l’identité du modèle pour Judas. Grâce au mathématicien et humaniste Luca Pacioli, on sait dans une dédicace du 9 février 1498 qu’il fit à Ludovic Sforza disant, entre autres éloges, que « …l’achèvement de la Cène par Léonard et l’embellissement de Milan en avaient fait la plus belle des résidences pour le Duc… ».

La Cène, une composition presque parfaite

Bien plus qu’une scène religieuse c’est aussi un chef d’œuvre de maîtrise de la composition et de la perspective avec une attention tout à fait particulière et novatrice en ce qui concerne la dimension psychologique des personnages. Cette magnifique œuvre d’art a été considérée par les artistes contemporains de Leonardo comme une « peinture parlante », quelque chose qui n’avait jamais été fait auparavant. Vinci recommandait dans ses écrits de peindre « les figures de telle sorte que le spectateur lise facilement leurs pensées au travers de leurs mouvements ». Cette fresque est une démonstration magistrale de ce qui s’appelle « les mouvements de l’âme » avec son saint Thomas, sceptique, qui tend l’index, saint Philippe se levant pour clamer son innocence, saint Barthélemy appuyant les mains sur la table… Contrairement à toute la tradition, et pour la première fois dans les représentations de la Cène, Judas n’est pas mis à l’écart, ni représenté de dos. Il est assis de profil, un peu en recul, touchant la bourse contenant l’argent de sa trahison.

Nombreux sont ceux qui pensent que La Cène inclut des significations cachées ou des messages secrets dans son symbolisme, voire quelques théories complotistes qui ont émergé depuis. Par exemple, des écrivains ont théorisé que la personne assise à la gauche de Jésus (du côté de sa main droite) n’est pas vraiment Jean comme on pourrait le croire, mais plutôt une femme, peut-être l’épouse de Jésus ou Marie-Madeleine. L’idée est présentée comme postulat de départ de plusieurs ouvrages, dont le fameux polar de Dan Brown Da Vince Code. Mais laissons ces théories là où elles sont car on ferait plus qu’entrer dans le domaine de la subjectivité la plus exacerbée. L’idéal est tout simplement d’aller jusqu’à Milan et de se laisser porter par sa propre impression, tout en laissant vibrer sa propre sensibilité.

Milan est une grande ville pleine de surprises et figure parmi les grandes métropoles touristiques d’Europe. L’ancien fief des Sforza et des Visconti gagne à être apprivoisé, parcouru et apprécié à sa juste valeur. Dynamique, contrastée et moderne elle a beaucoup à offrir en termes de plaisirs urbains. Et la Cène de Léonard de Vinci n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Se permettre d’aller à la chasse aux trésors de Milan est une expérience inoubliable. Pour cela n’hésitez pas à faire appel à l’expertise de Voyages Lambert car nous ne pouvions qu’y commencer notre circuit Italie du Nord, art, paysages et dolce vita. Notre mission est de vous guider sereinement sur l’un des grands plaisirs de la vie, n’en déplaise à certains détracteurs, l’émotion culturelle!

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