La folle équipée de Lady Agnès sur le train transcanadien
par Louise L'Heureux, accompagnatrice
La force motrice derrière la confection des voyages organisés par Voyages Lambert est notre passion de faire découvrir les quatre coins du monde en faisant vivre aux voyageurs l’émotion culturelle. Cette émotion se traduit par l’émerveillement devant une œuvre d’art exceptionnelle, ou lors d’une rencontre avec une peuplade indigène, et parfois, ce sont des panoramas grandioses qui viendront vous couper le souffle. Chose certaine, notre circuit dans l’Ouest canadien vous réserve de fortes sensations car Dame Nature a été généreuse avec cette région du Canada. Mais ce voyage en groupe sera aussi l’occasion de se remémorer l’histoire de notre grand pays, de ses acteurs principaux et de découvrir quelques aventures débridées, comme celle de la folle équipée de Lady Agnès.
Mais qui était cette Lady Agnès?
Susan Agnes Bernard, 1re baronne Macdonald d’Earnscliffe, était la deuxième épouse de John A. Macdonald, le 1er premier ministre du Canada. Après avoir été veuf pendant une dizaine d’années, il s’était finalement remarié. Au départ, rien ne prédisposait vraiment Agnès et Macdonald à se rencontrer car elle était née en Jamaïque, son père étant propriétaire d’une plantation de canne à sucre. Après le décès de son père, la famille décida de s’installer dans le Haut-Canada à Toronto. Par quelles circonstances Agnès et Macdonald ont-ils pu se rencontrer? Par l’entremise du frère d’Agnès, qui s’était trouvé un travail de secrétaire auprès de Macdonald qui à cette époque, n’était pas encore premier ministre, mais procureur général. Après quelque temps, les deux se sont mariés, elle avait 31 ans et lui 52. Agnès était une femme très active et s’intéressait beaucoup à politique. Son mari était devenu premier ministre du pays en 1867, et elle assistait régulièrement aux débats à la Chambre des communes. Elle était excellente chroniqueuse dans les journaux et également auteure de récits de voyage. Parmi ses aventures de voyage, il y en a une en particulier qui a fait beaucoup parler d’elle, celle où elle a voyagé en train, assise tout à fait à l’avant de la locomotive, juchée sur le chasse-pierres.
Trajet inaugural du train transcanadien
À l’été de 1886, Sir John A. Macdonald et Lady Agnès allaient entreprendre un voyage historique, un trajet en train qui allait inaugurer officiellement le premier train transcontinental à travers le pays. Il faut savoir que la construction de ce fameux chemin de fer avait été tout un exploit. C’était une promesse que Macdonald avait faite des années auparavant : un chemin de fer relierait ce nouveau pays d’est en ouest, « A mari usque ad mare », et il a rempli sa promesse. Comme on peut s’en douter, le travail de la compagnie de chemin de fer Canadien Pacifique avait été colossal, particulièrement dans les Rocheuses où le rail devait traverser montagnes, rivières et ravins, causant de nombreux glissements de terrain. Le 7 novembre 1885, à Craigellachie en Colombie-Britannique, on enfonçait enfin le dernier clou du chemin de fer. C’était un moment historique, que nous ne manquerons pas de souligner lors d’un arrêt à cet endroit précis, lors de notre circuit dans l’Ouest canadien. C’était à l’époque la plus longue voie ferrée au monde : 5000 kilomètres.
Le long voyage inaugural commença donc. Lors des fréquents arrêts du train dans les nombreuses gares du trajet, Sir John A. s’adressait à la foule sur les quais. Le couple avait son propre wagon mais Lady Agnès trouvait souvent le temps long. À un certain moment, l’ingénieur du train eut l’idée de lui faire visiter la locomotive, ce qui enchanta Agnès. Il lui montra même comment actionner le sifflet du train. Espiègle, elle prenait plaisir à le faire siffler! Une fois les longues prairies traversées apparurent enfin les Rocheuses. Le paysage était grandiose et Agnès n’avait pas assez d’yeux pour tout voir. Arrivés au lac Louise, Agnès annonça son intention de faire le reste du voyage en avant, assise sur le chasse-pierres, cette partie triangulaire en avant de la locomotive qui sert à repousser le bétail ou tout autre obstacle, d’où son nom en anglais de « cowcatcher ».
Un siège de choix
Assise en avant sur le chasse-pierres? Mais quelle folie! Comme on peut s’y attendre, Macdonald et l’ingénieur du train s’y opposèrent vivement, mais Lady Agnès insista, faisant fi de toutes objections et des conventions. Elle n’était plus très jeune, elle avait déjà 50 ans. Macdonald céda finalement à sa demande tout en chargeant un membre de son personnel d’accompagner son épouse à l’avant de la locomotive. C’est ainsi qu’une boîte de bois fut fixée solidement sur le chasse-pierres et servit de siège à Lady Agnès et à son compagnon. Vous pouvez vous imaginer que ce voyage ne fut pas de tout repos pour l’ingénieur du train qui fut souvent traversé de sueurs froides, particulièrement lors du passage dans le fameux col du Cheval-qui-rue (Kicking Horse Pass). Car pour un train arrivant de l’est, une fois le col franchi, c’est une longue descente durant laquelle le train prend de la vitesse. Une descente dangereuse où plusieurs trains allaient par la suite connaître des accidents. Lady Agnès adora l’expérience et décida de faire le reste de la route assise sur le chasse-pierres. Durant le voyage, il arriva à la locomotive de frapper des sangliers qui traversaient la voie. Lady Agnès ferma les yeux et se cramponna fermement. À un certain moment, le premier ministre accepta même de se joindre à elle pour partager l’expérience du chasse-pierres mais ce ne fut que de courte durée car il affirma préférer le confort du wagon d’observation. Dans ses écrits de voyage, Lady Agnès qualifia plus tard cette chevauchée sur le chasse-pierres d’exaltante « Ici, tout brille d’une beauté et d’un éclat glorieux, et je crie tout haut sur le chasse-pierres, tant le paysage est merveilleux! »
Le nom de Lady Agnès continue de vivre dans les Rocheuses : un petit lac à proximité du lac Louise porte son nom. Ça prend de bonnes jambes pour y accéder car il se trouve au bout d’un sentier de 3.5 kilomètres qui grimpe constamment. Mais une fois en haut, on est récompensé par un panorama grandiose et par un surprenant petit salon de thé construit sur le bord du lac. Sans y monter, vous pourrez apercevoir une partie du bâtiment, en levant les yeux vers la droite, du lac Louise.
Cette épopée n’est qu’une des folles aventures qui ont marqué l’histoire de la conquête de l’Ouest. Mais soyez sans crainte, c’est bien installé dans votre autocar luxueux que Voyages Lambert vous emmènera dans cette grande boucle de l’Ouest canadien à travers l’Alberta et la Colombie britannique.
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